Joyeux Noël à tous !

Mon idée semble l'enchanter. Tant mieux. Mais je me lève et je vais chercher ma guitare là où je l'ai posé… c'est-à-dire pas mal dans me même coin que le manteau d'Ombline. Je lui souris un peu.

« Par contre, j'ai pas ma guitare électrique, je l'ai laissé à l'école. Ça va faire drôle. Et je vais t'attendre dans l'une des chambres à l'étage. J'ai pas envie de me donner en spectacle non plus. »

C'est vrai quoi, j'vais pas forcer tout le monde à m'écouter jouer non plus. Les gens discuteront ici et nous on va aller jouer tranquille dans une chambre, pas la peine d'emmerder tout le monde. Parlant d'emmerder, y'a l'autre dehors qui chante pour je ne sais trop quelle raison. Ombline est partie la voir. J'espère qu'elle ne l'invitera pas. J'ai aucune envie de voir Scarlett avec nous.

La voix de Scarlett? Elle a une belle voix. Mais pas autant que Lysandre. Mais Lysandre est dur à battre parce que c'est Lysandre putain. Personne ne chante mieux que lui. J'exagère à peine.

Je monte dans l'une des chambres pour m'échauffer un peu. J'espère vraiiiment que Scarlett viendra pas avec nous, c'est la dernière personne que j'ai envi de voir en ce moment parce qu'elle me gonfle avec ses histoires. Je sais pas ce qui s'est passé dans sa vie, mais elle non plus ne sait rien. Remarque, j'veux pas savoir et je lui dirai pas.

Tandis que je chantais, je n'entendais plus rien d'autre que les accents de ma voix cristalline qui se mêlait au vent hivernal. Pendant ces quelques minutes, j'oubliais tout le reste jusqu'à l'endroit où je me trouvais. Chanter c'était la seule manière que je connaissais pour exprimer mes émotions, c'était mon défouloir. Alors que j'entamais les dernières notes, je sentis soudain la caresse d'un vêtement chaud que l'on avait glissé sur mes épaules. Bizarrement, ma première pensée fut pour Kyle, mon grand frère qui prenait toujours soin de moi et l'espace d'une seconde j'ai cru que c'était lui qui se tenait derrière moi. Puis, la chanson arriva à sa fin, je me tu, le silence retomba et j'ouvris les yeux, ramenée sur terre par la voix d'Ombline.  Je la regardais un moment sans répondre, autant surprise que reconnaissante de la trouver là. Cette fille était vraiment super gentille.

Elle me dit qu'elle va chercher sa basse pour jouer. Ah ? Finalement les autres s'étaient peut être décidés à égayer un peu cette soirée. Je me sens vaguement coupable d'avoir fait une scène. Décidément je suis vraiment la reine pour tout gâcher en plombant l'ambiance. Certes, le guitariste avait provoqué mon pétage de plomb mais dans le fond, je savais rien de sa vie. Je suppose qu'il était libre d'avoir sa propre opinion, même si je trouvais celle ci révoltante et infondée. Du fait d'avoir exprimer tout ce que j'avais sur le cœur à travers mon chant quelques instants plus tôt, je me sentais un peu apaisée. Saisie d'un frisson, je resserrais  ma veste en fourrure autour de moi. Je me force à adresser un léger sourire à la jeune fille que je commençais sincèrement à apprécier même si on venait tout juste de se rencontrer.

« Merci. » Déclarais-je simplement pour lui exprimer ma gratitude. Pour ce qui était de sa proposition, j'hésitais un peu. Je n'avais pas spécialement envie de revoir l'autre guitariste de sitôt et d'ailleurs, j'étais quasiment sure que ni lui ni les autres n'avaient particulièrement envie de me revoir. Mais Ombline me proposait de m'accompagner et elle était un peu la seule figure amicale sur laquelle je pouvais compter en cet instant. Quand on part à la dérive on ne refuse pas la main tendue qui s'efforce de nous porter secours, pas vrai ? Dans ce genre de situation, il est préférable de mettre sa fierté en veilleuse et d'accepter l'aide offerte. Je finis donc par acquiescer d'un bref hochement de tête.

« Je crois bien que j'apprécierais de marcher un peu, ouai. »

Profitant de l'obscurité, je m'empressais d'essuyer au mieux les résidus de larmes dans mes yeux car s'il y avait bien une chose que je ne supportais pas c'était que l'on me voit pleurer. Je chassais mes idées noires et rassemblais toute ma volonté pour me montrer forte et détachée. Lui emboitant le pas, je quittais finalement le balcon et traversais la salle la tête haute sans le moindre regard en direction des autres.

Le sourire de ma nouvelle camarade est assez communicatif et je ne peux m'empêcher de le lui rendre. Alors que je la suis dehors, elle me lance qu'au moins il y aura quelqu'un pour rire si elle tombe. Elle m'amuse et je laisse échapper un bref éclat de rire en répliquant:

« Mais si ça se trouve c'est moi qui vais m'étaler !»

En plus, il faut bien admettre que mes chaussures ne sont pas franchement adaptées à la neige et je n'ai pas spécialement un très bon équilibre, surtout après avoir un peu bu. Alors que je m'avance sur le sentier qui s'éloigne du chalet, je me dis que c'est moins pire qu'il n'y paraît parce que mes talons ont le mérite de se planter dans la neige, un peu comme la pointe des bâtons de ski, et de servir d'antidérapant. Je marche quand même prudemment, j'ai déjà suffisamment froid pour pas avoir envie de tomber dans la neige. Cela dit, il y a un peu de verglas et j'ai tendance à déraper dans la descente mais je parviens tant bien que mal à rester debout.

Ombline revient alors sur le sujet abordé un peu plus tôt, la musique, et me parle de ce qu'elle m'a surpris en train de chanter. J'apprécie son compliment sur ma chanson, mais je dois avouer que je n'ai pas trop le cœur à m'étendre davantage sur le sujet. J'ai déjà dit bien plus de chose que je l'aurais voulu et trop étalé mes problèmes. Je n'ai pas balancé que j'étais Diamond, la chanteuse à succès de GoldenStorm mais ce que j'avais laissé échappé pouvait suffire à faire le lien avec une petite recherche, or à la base si j'avais traversé l'Atlantique c'était pour me faire oublier un moment. Un vague « Ouai...»  fut donc tout ce que je réussi à répondre. Belle démonstration d'éloquence. Il est vrai qu'elle était bien cette chanson, et pourtant je suis toujours très exigeante envers moi même, mais là, j'étais assez fière de ce que j'avais pondu toute seule. Faut croire qu'avoir le cœur en morceau et d'en vouloir au monde entier ça aide à composer de supers chansons. Si c'est pas ironique ! Par chance, on arrive rapidement à la voiture ce qui me dispense de devoir poursuivre.

Ombline récupère son instrument dans le coffre et me tend une barre de chocolat. Je l'accepte machinalement en la remerciant. A vrai dire, je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais vraiment faim avant de voir la sucrerie qui me faisait carrément envie. Mais je ne le mange pas tout de suite. Je me précipite pour lui donner un coup de main en lançant:

« Attends, je vais t'aider. Laisse moi te porter ton ampli au moins. »  

C'était la moindre des choses et puis comme ça j'étais pas venue pour rien. Je cale l'engin sous un bras, songeant que c'est plus lourd que ça en a l'air ce petit truc. Puis, remarquant la pellicule de neige immaculée qui recouvrait déjà la voiture, je ne peux pas résister à la tentation d'en ramasser une petite poignée dans ma main libre. Je n'ai pas de gants et ça me gèle les doigts mais c'est plus fort que moi. Et puis ça en vaut la peine. Je souris bêtement comme une gamine et je regarde ma camarade avec une lueur de malice dans mes yeux turquoises.

« Hey, Ombline ! » Je l'interpellais, un sourire mutin sur les lèvres, juste avant de lui lancer la minuscule boule de neige dessus. Je l'avais prise en traitre, profitant du fait qu'elle soit occupée avec sa barre de chocolat, puis je partis en courant sans attendre en direction du chalet, riant comme une andouille, avec l'ampli sous le bras. Bon, je courais pas franchement très vite, non seulement à cause des talons, mais surtout parce que je faisais hyper attention à pas me péter la gueule histoire de pas casser l'ampli.

Bataille de boules de neige. J'étais très fière de ma connerie et de mon initiative. Je tâchais de m'enfuir aussi vite que possible pour échapper à la vengeance inévitable de ma camarade. Le truc c'est que j'aimais bien lancer les hostilités, mais ensuite, j'en prenais généralement pour mon grade et je faisais pas très long feu. Non pas que ce soit très grave, le but c'était juste de s'amuser mais quand même. Avisant un gros sapin, je bifurquais en direction de l'arbre dans l'idée de me mettre à l'abri derrière le tronc. Et je me trouvais très maligne, jusqu'à ce que...

« Aaaah !»

...je me prenne une avalanche sur la tête. Evidemment, j'avais pas pensé à l'énorme tas de neige accumulé sur les branches épaisses du conifère et Ombline avait pas raté son coup. Le contact soudain avec la poudreuse glacée fait un drôle d'effet, le moins qu'on puisse dire c'est que ça surprend. En plus, j'en avais partout, littéralement. La neige s'était engouffrée dans le col de mon manteau jusque dans mon décolleté et naturellement mes cheveux en étaient recouvert. D'ailleurs, j'y voyais plus rien. Je dus chasser les cristaux gelés de mes yeux avant de me remettre à avancer et, entre temps, je m'étais pris une autre boule de neige dans le dos.

Alors que je me remettais en marche, une autre vint siffler à mes oreilles sans passer bien loin. Cette fois, c'était la guerre ! Songeais-je amusée, et aussi enjouée qu'une enfant. Je pris une seconde pour raffermir ma prise sur l'ampli pour pas qu'il me glisse du bras, et j'attrapais une bonne quantité de neige dans ma main libre avant de projeter le tout en direction de la bassiste. Et je recommençais. Je savais pas viser, et d'ailleurs, je tirais un peu à l'aveuglette, mais je m'en foutais. Je bombardais autant que je pouvais en partant du principe que dans le lot, certaines boules de neige finiraient bien par atteindre leur cible.

J'eus ensuite la bonne idée de couper par le jardin qui était moins exposé que le chemin normal et avait le mérite d'être un raccourci. Enfin en théorie. J'avais pas fait trois pas que mon pied droit s'enfonça profondément dans la poudreuse non tassée qui dissimulait un trou. Ma jambe s'engouffra jusqu'au genou et naturellement, emportée par mon élan, je basculais tête la première dans la neige. Mon seul réflexe en tombant fut de soulever l'ampli pour éviter de le fracasser et je m'étalais de tout mon long en plein milieu du jardin en poussant un nouveau « Aaaaaaaaaaah ! » magistral. La seule différence c'est que cette fois, j'avais même pas eu besoin d'Ombline. Je m'étais entièrement vautrée dans la neige toute seule comme une grande. J'espérais seulement que personne dans le chalet n'était en train de regarder par la fenêtre.

Il dut bien me falloir une seconde pour que mon cerveau réalise ce qui venait de se passer et pourquoi je me retrouvais allongée dans la neige à bouffer de la poudreuse. En fait c'était assez marrant, c'était un peu comme se jeter sur un lit moelleux à ceci près que c'était froid et humide. Je sais pas trop si c'était l'effet de l'alcool ou de mon allégresse du moment, mais ma réaction quasi immédiate fut d'éclater de rire. Difficile de faire autrement en même temps, la situation était plus que comique. Le bon côté c'est que si je ratais ma carrière de chanteuse, je pourrais toujours faire l'école du cirque, j'avais visiblement un potentiel insoupçonné. Je finis par relever la tête et jetais un coup d'oeil à l'ampli que je tenais toujours à bout de bras, miraculeusement sauvé.  Il avait juste un peu de neige dessus mais rien de bien méchant. Sa chute avait été amortie par la poudreuse.

« C'est bon, lançais-je sans réussir à calmer mon fou rire, l'ampli n'a rien !»

Je suis déjà en train de jouer quand j'entends quelque chose à ma fenêtre. Naturellement je me lève et je vais ouvrir la fenêtre. Il fait déjà noir dehors, donc de la chambre, je ne verrai pas grands choses. C'est là que directe, je m'en prend une plein la gueule. Mais ça vaux la peine parce qu'avec mes yeux qui s'habituent à l'éclairage actuel, je vois Scarlett se péter carrément la gueule dans la poudreuse. Je rigole un peu et m'enlevant la neige de sur le visage. Ça a pincé, c'est froid, mais ça j'y suis habitué; chaque matin, je prend des douches froide à l'internat parce que l'eau chaude n'embarque pas assez vite. Je ferme quand même la vitre et je descend après m'être sécher un peu et je sors par derrière uniquement avec mes bottes. Mais ça limite je m'en fou, j'ai pas froid et ça prendra pas de temps. Je trouve une pelle et je vais me cacher d'une place où je pourrais les voir. Bien entendu, je cache un peu plus ma pelle que moi, comme ça si elles me voient et viennent attaquer, je vais quand même garder un élément de surprise.

Je crois bien que j'avais réussi à faire peur à Ombline en tombant, mais j'étais bien en peine de reprendre mon sérieux. Elle me tendit une main pour m'aider à me relever sauf qu'au final, elle tomba aussi. Je ris de plus belle. On devait vraiment avoir dégourdie toutes les deux ! Je m'efforçais  de me relever et de décoincer mon pied enseveli sous la couche de neige. Il fallait que je me bouge, j'étais en train de me transformer en glaçon. D'ailleurs, je grelottais légèrement. Quelle idée j'avais eu de mettre une jupe aussi ? Je m'empressais de l'arranger pour éviter d'exposer mes fesses plus que nécessaire. Encore heureux que j'avais des collants noirs. A ma décharge, j'avais pas du tout prévu de me lancer à corps perdu dans une bataille de boule de neige.

Je me secouais dans tous les sens, un peu à la manière d'un chien qui s'ébroue, pour faire tomber toute la neige que j'avais sur moi. Je me redressais ensuite pour sourire à la bassiste. C'est sur que j'aurais pu lâcher l'ampli, mais après je m'en serais voulu si je l'avais péter. C'était plutôt une bonne nouvelle que pour une fois, il y a ait un truc que j'avais réussi à pas foutre en l'air. Je me baissais justement pour ramasser l'appareil que je me décidais à amener en lieu sur. Je le déposais sur le porche, à l'abri de la neige avant de retourner m'armer de poudreuse pour prendre ma revanche. Il fallait être un peu objectif, trimballer un ampli, aussi petit soit-il, constituait malgré tout un sacré désavantage dans une bataille de boule de neige.

Enfin débarrassée de mon handicap, je retournais poursuivre Ombline en mode ninja avec une énorme boule de neige dans les mains. Je la repérais derrière un bosquet enneigé qui me cachait à moitié la vue et je la vis s'immobiliser en plein milieu du jardin. Un sourire fourbe étira mes lèvres en la voyant ainsi exposée alors que j'arrivais en douce par derrière. Je l'entendis parler à un certain Castiel, je ne pouvais pas voir de qui il s'agissait à cause du buisson, mais de toute façon, je ne m'arrêtais pas pour écouter ce qu'elle disait. C'était une trop belle opportunité pour ne pas la saisir.

Surgissant des broussailles, je bondis hors de ma «cachette» pour passer à l'attaque et je lançais le projectile de toutes mes forces en m'exclamant : « Goûte moi cette neige, elle est super bonne !»
C'est seulement ensuite que j'aperçus le dénommé Castiel, et me figeais aussitôt en reconnaissant le guitariste. Je n'avais pas encore tout à fait digéré l'épisode précédent et son attaque à l'encontre des chanteuses. Le pire, c'est que (et je crois j'avoir déjà dit) je visais comme un manche, aussi, si ma grosse boule de neige avait bien fait mouche, ce n'était pas exactement sur la bonne cible. Le projectile était passé à un cheveu d'Ombline et avait atteint le garçon en pleine face. Quant à moi, je m'étais raidie sans trop savoir comment je devais réagir. J'avais pas spécialement envie d'envenimer les choses et surtout j'avais pas du tout envie de me reprendre la tête avec lui. C'était Noël, on était sensé s'amuser. Je me mordis la lèvre en constatant ce que je venais de faire. C'était quand même la deuxième fois de la soirée que je lui lançais un truc dans la gueule, même si cette fois c'était pas franchement fait exprès. On aurait dit que le temps venait de se suspendre pendant une seconde et je ressentis un léger malaise. C'est alors que ce fut plus fort que moi, et, n'y tenant plus, je pouffais de rire.

Rapidement, Ombline se dirige dans ma direction. Je sais pas si elle a remarqué mon arme, mais elle semblait plutôt nerveuse. Je lui offre un petit sourire taquin.

« J'ai bien vu ça. »

Et je me prend une boule en pleine gueule de la part de la blonde. Finalement, j'aurais peut-être dût prendre quelque chose de plus gros car mon attaque surprise va être gâché. Enfin, je plante ma pelle dans la poudreuse et j'envoie une grosse pelletée au visage d'Ombline, remerciant le fait que la boule de neige avait fait diversion.

J'en prend quand même une seconde pelleté pour l'envoyer sur la blonde, mais elle est un peu loin donc du coup je ne sais pas si j'ai réussis. Je suis un peu occupé aussi à ne pas blesser personne avec mon arme de destruction massive.

En regardant les filles, je me rend compte que j'ai vraiment bien fait d'amener la pelle... j'suis déjà désavantagé car je n'ai pas amener mon manteau. En plus, les filles ont souvent l'habitude de s'allier face aux garçons et il se trouve que je suis un garçon. Fuck.

Je savais pas trop à quoi m'attendre de la part du guitariste, surtout après notre brouille précédente. De coup, j'appréhendais un peu la manière dont il allait prendre mon attaque givrée accidentelle, mais au final il ne sembla pas s'en offusquer. Tant mieux. D'ailleurs, il ne tarda pas à contre-attaquer. J'écarquillais les yeux en le voyant sortir une putain de pelle de derrière son dos. Où est-ce qu'il avait déniché ça lui ?! Par chance, ce fut Ombline qu'il visa en premier. Médusée, j'eus tout le loisir d'assister à la pluie de poudreuse qui s’abattit sur ma camarade avant qu'elle put tenter quoi que ce soit pour esquiver. Mais il ne s'en tint pas là et rechargea son arme sans attendre. Bordel de merde, cette fois ça allait être pour ma gueule, songeais-je en décidant de prendre courageusement mes jambes à mon cou pour me mettre à l'abri.

« Hé mais c'est pas du jeu ça ! » Couinais-je d'une toute petite voix avant de m'enfuir.

Comme j'étais déjà assez loin, je réussis à éviter le tir, un peu court, de Castiel mais je m'arrêtais pas en chemin pour vérifier ce qu'il faisait. J'aimais autant mettre le plus de distance possible entre nous avant qu'il n'ait pu recharger. On va dire que j'optais pour un repli stratégique (ça sonne bien mieux que fuite éperdue).  Je cherchais ma camarade féminine du coin de l'oeil et la vis aller se mettre à couvert derrière un tas de neige.

Franchement, j'avais bien du mal à déterminer quelle était la menace la plus importante entre Castiel et ses généreuses pelletés de neige ou Ombline et ses bonnes vielles boules de neige bien tassées et bien envoyées. Il fallait vraiment que je trouve une idée brillante si je voulais donner le change, l'ennui c'est que j'avais rien qui me venait à l'esprit. Bon objectivement je risquais plus grand chose vu mon état et j'avais depuis longtemps renoncé à l'idée de rester au sec, mais c'était pour le principe. Finalement, au lieu d'aller me planquer derrière un truc comme la bassiste, je décidais de continuer à m'éloigner des deux jusqu'à être hors de vu et donc hors de portée. Jusque là, c'était plutôt un bon plan, je les laissais se battre entre eux pendant que je filais à l'anglaise et comme ça, ensuite je pourrais revenir en douce. A défaut d'idée de génie, je me disais que déjà si j'arrivais à désarmer le rockeur, ce serait une très bonne chose, mais s'était loin d'être gagner.

Je finis par faire carrément tout le tour du chalet avant de revenir par derrière aussi discrètement que possible sous le couvert de la neige et de l'obscurité pour qu'ils ne me repèrent pas. Je finis par apercevoir le dos d'Ombline. Je me rapprochais autant que possible sans faire de bruit et je me camouflais derrière un buisson d'où je lançais mon attaque sournoise avant de me re-cacher aussitôt.
Je changeais de place aussi car si elle se déplaçait elle finirait bien par me tomber dessus.  Je trouvais une nouvelle cachette d'où je pouvais tirer et je recommençais. Jusque là je trouvais que ma tactique marchait plutôt bien. J'étais pas la plus douée pour viser et faire des super boules de neige, mais j'étais relativement petite et menue alors autant essayer de m'en servir à mon avantage. Je me rapprochais ensuite furtivement de l'endroit où se trouvait Castiel, m'arrangeant pour arriver par derrière pour tenter de pas me faire voir. Puis, quand je m'estimais suffisamment proche, je tentais le tout pour le tout en me ruant sur lui, misant sur l'effet de surprise pour essayer de lui prendre la pelle des mains.

Pendant que la blonde fuit mon attaque qui a lamentablement échoué contre elle, je cherche un peu Ombline. Je ne l'ai pas vu se cacher puisque j'étais occupé avec l'autre. Heureusement, elle ne tarde pas à réveler sa cachette en me tirant dessus. Je reçois la première boule dans le dos, puis une seconde sur le bras. Je la laisse se défouler quand elle veut, puis elle s'arrête un peu. Sûrement pour faire des munitions. Je m'approche donc du tas de neige et lui envoie facilement deux pelletées dessus. C'est facile, je n'ai qu'à pousser la neige avec ma pelle et avec la couleur de ses cheveux, je ne peux pas la manquer. J'suis pas très grand, mais je la vois quand même.

Je ris un peu en attendant d'avoir une réaction d'elle pour ne pas l'ensevelir non plus. J'suis cruel mais pas à ce point.

Et puis, une masse sombre s'approche de moi. Elle essaie de faire subtile, mais elle se cachait derrière Ombline et moi, je suis devant elle. C'est certain qu'elle ne pouvait pas s'approcher aussi furtivement de moi. Si ça se trouve, c'est à cause d'elle qu'Ombline a arrêtée de m'envoyer des boules. Je l'ignore quand même, lui faisant croire que ça fonctionne, mais je prend une pelletée de neige quand même. Quand la blonde s'approche, en ayant visiblement pour mon arme de destruction massive, je lui envoie la pelletée en pleine gueule... oh et puis une seconde pendant qu'elle se remet de la première.

Je ris un peu et me secoue les cheveux pour faire tomber la neige que j'ai dans les cheveux à cause d'Ombline.

« Vous en voulez encore ? »

Franchement, Ombline est une adversaire coriace et je suis déjà pas mal humide à cause d'elle. Bon, j'aurais dût l'attaquer pendant qu'elle m'envoyait des boules aussi, c'est de ma faute. Mais quand même, je venais de finir une grippe atroce, je tenais pas tant que ça à en avoir une seconde. C'est pourquoi j'avais donc déguiser une proposition pour rentrer au chalet.

C'est complètement puérile... mais c'est complètement ce qui me fait me dépêcher de rentrer à la suite d'Ombline. J'ai envie de dire qu'Ombline n'avait pas vraiment le choix d'être la première entrée étant donné qu'elle était sur le perron... soit à côté de la porte. Moi aussi j'ai été avantagé par le terrain comme je n'étais pas bien loin.

Dès que j'entrai, je réalisai à quel point il faisait chaud dans le chalet... et aussi à quel point j'étais mouillé. J'enlevai mes bottes et mit ma main dans le haut du dos d'Ombline pour lui signaler ma présence... en fait, plutôt pour qu'elle se retourne.

« J'suis déjà installé en haut, mais vu les circonstances, je vais aller me sécher avant qu'on se touche le manche. »

Je réalisai trop tard que j'avais parlé de se toucher le manche. J'espère qu'elle avait compris que je parlais des manches de notre guitare et basse... probablement. Ombline c'est une fille, pas un gars, sinon ça aurait été vraiment louche. Je lui souris un peu et monte à l'étage pour m'enfermer dans une salle de bain sans prendre la peine de verrouiller la porte. Tout le monde est au sous-sol, Ombline sait que je suis dans la salle de bain, donc je ne serai pas déranger. Aussi, j'suis un garçon, pas une fille et c'est pas comme si j'allais me mettre à poil non plus. De plus, si une des filles veut une serviette, elle pourra venir en chercher une. J'enlève mon t-shirt un peu trop mouillé et fouille un peu pour trouver une serviette pour me sécher. J'en trouve une et me tourne vers le miroir. Je souris un peu en voyant des plaques rouges un peu partout sur mon torse, surtout sur les bras. J'sais pas si elle visait là pour que ce soit plus froid mais elle a réussit ! Sur mon ventre, par contre, j'en ai peu. Je dois en avoir plein le dos aussi. J'ai probablement pas laissé de marque comme ça sur les filles... enfin je l'espère.

Tout ça pour dire qu'Ombline ne m'a pas manqué.

Ouai bon, c'était foireux comme idée. Evidemment, au lieu de réussir à chiper la pelle, je m'étais juste pris un nouveau tas de neige en pleine face.. et même deux. Je n'étais plus à ça près mais quand même, cette fois, j'étais vraiment glacée jusqu'aux os et trempée. J'avais eu plus que mon compte, et je n'aspirais plus qu'à rentrer au chaud aussi que je pus qu'accueillir favorablement la proposition indirecte de Castiel d'en rester là.

« J'crois que là, j'ai eu mon compte, je préfère rentrer avant d'attraper la crève. »

Et, comme pour illustrer mes dires, j'éternuais précisément à ce moment là. J'étais en train de me débarrasser de la neige que j'avais sur moi qu'Ombline, déjà sur le perron, se mit à sprinter à l'intérieur en lâchant que le dernier arrivé serait une poule gelée. J'avais encore de la neige plein la gueule alors forcément, le temps que je réagisse j'étais bonne dernière.

« Hé attendez !» lançais-je pour protester mais les deux étaient déjà loin.

Bon bah, c'était plus vraiment la peine de courir du coup. Je suppose que cela faisait donc de moi la poule gelée, soit. En tout cas pour la deuxième partie, je pouvais difficilement nier. J'entrepris de récupérer l'ampli d'Ombline avant de suivre les deux autres à l'intérieur. Je me débarrassais de mon manteau qui était de toute façon plus trempé qu'autre chose et je l'accrochais près d'un radiateur pour qu'il sèche. Je pris quand même le temps de m'arrêter pour embarquer quelques bières et je montais l'ampli à l'étage. J'avais pas trop compris pourquoi ils avaient décidés de s'installer en haut, mais bon pourquoi pas.

Je devais avoir les joues super rouges avec ce froid. En tout cas, mes mains et mes jambes étaient glacées. Avisant mon reflet dans une glace, je constatais que j'étais vraiment dans un état lamentable. On aurait dit un chat mouillé. Mes cheveux étaient trempés et me dégoulinaient sur la gueule et mes vêtements, comme mes bottes, n'étaient pas franchement mieux. Toujours grelottante, je finis par entrer dans la chambre où se trouvait Ombline.

« Tiens miss, voilà  ton ampli ! »

Je posais l'engin près d'elle et m'empressais d'aller m'installer près du radiateur le plus proche. J'enlevais mes bottes histoire de les faire sécher et de me mettre un peu plus à l'aise et je tentais de me réchauffer tant bien que mal.

« Putain si j'avais su, j'aurais pris des affaires de rechange. J'tuerai pour enfiler des fringues chauds et secs. »

"[...] je tue la personne pour les fringues et je me sert de sa peu pour en faire une deuxième couche de fringue en cuir." Je venais d'ouvrir la porte sur ça, moi. Ombline eût l'air un peu mal... et c'est là-dessus que je décidai de la taquiner, tiens, parce que je suis horrible.

« Tiens tiens... j'sais qu'on est pas très proche, mais je ne te savais pas comme ça. »

Je lui offre un sourire taquin et je décide de fouiller dans le placard de la chambre. Comme prévu, il y a des petites couvertures. J'en prends une et la lance à la psycopathe.

« Commence par ça et après on verra pour le meurtre. »

Je me réinstalle dans le lit et prends ma guitare pour jouer un peu. Je réalise que je n'ai pas vraiment donné de couverture à Scarlett... mais tant pis, elle est plus proche en plus, pas la peine que je lui en donne une. Et puis, elle avait juste à ne pas me lancer de canettes au visage si elle voulait que je sois sympa avec elle. Ombline est gentille donc je suis gentil avec elle.

La chaleur du radiateur aidant je commence doucement à reprendre des couleurs et à me sentir un peu mieux. Je suis loin d'être sèche mais c'est déjà ça. A ma remarque, Ombline renchérit en disant qu'en plus de tuer la personne, elle prendrait sa peau pour s'en faire un vêtement en cuir par dessus. Je rigole, j'aimais assez ce genre d'humour et répliquait dans la foulée:

« Faut voir la qualité de la peau après, si elle est pleine d'acné c'est dégueu.»  Bah quoi c'était purement pragmatique comme réflexion, n'est ce pas ?

Castiel finit par sortir de la salle de bain. Il chope une couverture qu'il tend à Ombline en m'ignorant totalement. Non pas que cela me surprenne en fait, j'aurais davantage été étonné si cela n'avait pas été le cas. Vu comment les choses avaient démarrées entre nous, il allait falloir bien plus qu'une petite bataille de boule de neige pour qu'on devienne pote si tant est que cela arrive un jour. Du coup, je ne m'en offusquais pas et j'allais me prendre moi même ma couverture. J'avais des bras et des jambes après tout, j'avais pas besoin d'être assistée.

Cela dit, j'avais quand même envie d'essayer d'apaiser un peu les choses et pourquoi pas tenter de repartir du bon pied. Une ambiance tendue c'était jamais agréable et je voulais pas me prendre la tête. Ce soir, c'était Noël, alors autant tout faire pour que ce soit le plus agréable possible. Même si je me sentais encore un peu blessée par ce qu'il avait dit, j'allais m'efforcer d'agir comme une fille mature et faire le premier pas pour m'excuser. Et pour le reste, je lui prouverais qu'il avait tord s'il pensait que je puisse devoir ma réussite à autre chose qu'à mon talent et mon travail ! Je pris une grande inspiration et m'approchais du rockeur d'un air déterminé.

« Dis, Castiel.. Pour ce qui c'est passé tout à l'heure... ma réaction a peut être été un peu.. excessive.. alors je te présente mes excuses.»

Voilà c'était fait. J'avais du prendre sur moi et ravaler ma fierté et mon entêtement mais d'une certaine manière j'étais contente de moi. Maintenant il ne restait plus qu'à mettre les choses à plat et avec un peu de chance on finirait par avancer dans la bonne direction. Plantée face au garçon, je soutins son regard sans ciller et poursuivis:

« Je sais pas ce que t'as contre les chanteuses et ça m'intéresse pas. En revanche, j'ai pas envie qu'on se prenne la tête, alors on pourrait peut être essayer de repartir à zéro histoire de passer une bonne soirée ? »

J'avais fait le premier pas et j'espérais vraiment qu'il accueille favorablement ma démarche. J'veux dire, c'est quand même plus sympa de se faire des potes que des ennemis, surtout quand on débarque dans une ville où on connait personne. Je vais jusqu'à esquisser un sourire un peu hésitant en lui offrant une poignée de main pour «faire la paix» et j'ajoute avec une pointe d'humour et de défi:

« D'ailleurs, j'ai bien l'intention de te prouver que même avec le sex appeal d'une poule gelée, je peux encore casser la baraque avec ma voix.  »

Alors que je m'installai, chose renchérit sur la phrase de psychopathe d'Ombline. Elle revint peu de temps après vers moi alors que je m’assoyais en tailleur parce que j'aime me placer comme ça. Ma guitare se place mieux.

La blonde vint s'excuser en prononçant mon prénom. What the fuck ? D'où elle connait mon nom ? Oh, Ombline a dût lui dire ou elle a dût l'entendre. D'ailleurs, c'est quoi déjà le sien... Sandrine ? Ouais, ça y ressemble. En tout cas, le principale, c'est qu'elle venait s'excuser, disant que sa réaction était excessive. Ouais, j'approuve totalement. Puis elle enchérit qu'elle ne savait pas ce que j'avais contre les chanteuse et que ça l'intéressait pas. Tant mieux, j'comptais pas l'expliquer non plus.

Partir à zéro ?

« Ouais, j'accepte tes excuses, par contre, je ne peux pas repartir à zéro. J'suis trop rancunier pour ça. Mais j'vais essayer de ne pas être trop chiant. »

Je lui fis un petit sourire pour appuyer mes dires. Partir à zéro, franchement. Tout le monde qui dit ça, c'est que des hypocrite. On ne peux pas oublier après tout. Ceux qui disent vouloir repartir à zéro n'oublient pas plus le passé. Je parle comme si elle avait fait quelque chose d'horrible alors que ce n'est qu'une canette, mais justement, c'est rien. Pourquoi repartir à zéro ? Et pourquoi je débat là-dessus dans ma tête ?

Quand elle me tire de mes pensées, c'est en me tendant la main et en disant qu'elle allait casser la baraque avec sa voix. Ce à quoi je réponds en fronçant les sourcils. Je lui jette un regard noir.

« Je ne joue pas de musique avec des inconnus. J'suis venu pour jouer avec Ombline, ta voix, j'ai pas envie de l'entendre. »

Comportement typique d'une chanteuse; attirer l'attention sur elle avec sa magnifique voix ou j'sais pas quoi. De toute façon, je l'ai déjà entendu tantôt quand je suis monté et c'est Ombline que j'ai envie d'entendre jouer. Pas elle. Et à vrai dire, déjà que ça me gêne de jouer devant Ombline, ça me gêne encore plus de jouer devant une parfaite inconnue. Ouais, j'ai le trac. J'aurais eût l'air moins sauvage si je l'avais dit comme ça, mais c'est tellement pas viril d'avouer qu'on a le trac...

Je suis toujours devant Castiel, la main tendue, sauf qu'au lieu me la serrer en acceptant qu'on prenne un nouveau départ, il me jette un regard noir en déclarant qu'il a pas envie d'entendre ma voix et qu'il est seulement venu pour jouer avec Ombline. Okay.. voilà qui s'appelle se prendre un vent magistral. En plus, c'est bien ma première fois de ma vie qu'on me dit ne pas vouloir m'entendre chanter. D'ailleurs, je crois pas m'être jamais sentie autant non désirée. Je suppose qu'il faut un début à tout, mais je m'en serais bien passée. Le guitariste a accepté mes excuses, mais en revanche il a pas fait mine de s'excuser aussi pour ce que lui avait dit. Je laissais courir, j'avais ni la force ni l'envie de me prendre encore la tête avec ça. Je faisais de gros efforts pour essayer de positiver en me montrant cool et enjouée mais à chaque fois, le rebelle trouvait le moyen de tout réduire à néant en me faisant bien retomber le moral dans les chaussettes.

« Oh... je vois... »

Fut tout ce que je réussi à répondre d'une voix tremblante en laissant piteusement retomber ma main. Je me sentais super mal, vraiment. Je voyais même pas ce que j'avais pu encore dire pour susciter une réaction aussi virulente. Je pensais qu'ils avaient prévus de faire de la musique avec tous ceux qui voulaient... mais apparemment j'avais encore tout compris de travers. J'inspirais une grande gorgée d'air frais. Non, cette fois, je ne pleurerais pas, pas question.

« Est ce que... je peux au moins rester vous écouter..?

Ou voulait-il carrément que je m'en aille ? En fait, il voulait peut être juste être seul avec Ombline... Sincèrement, je me sentais triste, j'aurais vraiment aimé me défouler en faisant de la musique avec d'autres, qu'on partage ça ensemble et qu'on passe un moment agréable mais je venais de subir une belle désillusion. Ça n'était pas près d'arriver, tout simplement parce que je n'étais pas la bienvenue pour me joindre à la fête. Incapable de soutenir son regard plus longtemps ou d'affronter celui d'Ombline, je me détournais et retournais vers le radiateur pour récupérer mes bottes encore humides. En fait, il fallait peut être mieux que je m'en aille. J'aurais pu m'imposer mais j'étais pas vraiment en état de jouer les filles provocantes là tout de suite, alors j'allais pas faire chier et j'allais juste dégager et puis voilà. Je savais pas vraiment ce que je pourrais faire ensuite.. rentrer peut être... et passer la soirée seule dans ma chambre avec des écouteurs... non c'était vraiment trop déprimant...est ce qu'il y avait des bars ou des clubs ouverts le soir de noël ? Que je puisse au moins boire quoi...

Joueuse de l'ombre. Ça m'avait fait sourire un peu. Dis comme ça, j'avais sacrément envie de laisser tomber la guitare pour jouer de la basse moi aussi. On me remarquerait moins sur scène.

Sandrine nous demanda si elle pouvait rester pour nous écouter et sincèrement, je n'y voyais aucun inconvénient. J'avais juste pas envie de jouer avec elle. Si elle voulait chanter, il faudrait que l'on trouve tous les trois quelque chose à jouer et sincèrement, j'crois pas qu'elle aime le même genre de choses que moi. Elle a l'air dans le pop/rock vu comment elle s'habille, et moi, le rock qui joue à la radio... C'est pas pour rien que je n'écoute pas ce qui sort de cette boîte à merde.

« Tu peux rester Sandrine, ça ne me fait rien... et je ne pense pas que ça dérange Ombline. »

Je gardai la tête baissé sur ma guitare classique. Oui, j'ai le trac, donc ouais, j'aimerais mieux qu'elle parte tout simplement... mais c'est Noël, c'est chiant de foutre quelqu'un dehors. Ombline n'avait rien dit pour la retenir, mais je supposais que ça ne lui dérangerais pas comme elles sont amies.

J'avais demandé à rester, mais finalement, je m'étais levée pour partir et j'avais traversé la pièce en reposant la serviette empruntée. Alors que j'atteignais la porte, Ombline me recommanda d'éviter de sortir pour ne pas attraper la crève et Castiel finit par répondre que je pouvais rester. Bon, il avait parlé à « Sandrine », mais vu les circonstances il n'y avait guère qu'à moi qu'il pouvait s'adresser ainsi. Evidemment, qu'il se trompe dans mon nom me faisait pas spécialement plaisir, mais j'y pouvais pas grand chose. C'était un peu étonnant dans la mesure ou Scarlett n'est pas un nom difficile à mémoriser, et c'était sans parler de notre prise de bec. C'est généralement un truc qui marque, même si c'est de manière défavorable, et fait qu'on se rappelle de la personne. Enfin bon, on allait pas épiloguer la dessus. Soit ça montrait qu'il était juste vraiment très mauvais pour retenir les prénoms, soit cela était un témoignage supplémentaire de la mauvaise volonté qu'il manifestait à mon égard.  

J'avais déjà un pied hors de la chambre mais je m'arrêtais sur le seuil, la main encore sur la poignée. J'hésitais et soupirais. Oui, une part de moi avait envie de rester bien au chaud dans cette chambre à les écouter, je n'avais pas posé la question pour rien après tout. Seulement, d'une part, j'étais bien trop fière et d'autre part, à qui bon s'acharner à rester dans un endroit où l'on vous fait se sentir à ce point indésirable ? Honnêtement, je commençais à en avoir assez de m'en prendre plein la gueule. Je me retournais pour regarder le guitariste et je répondis, un peu blasée.

« J'te remercie pour cet élan de compassion, Castiel, mais à la réflexion, je tiens pas spécialement à passer le reste de la soirée en compagnie de quelqu'un qui juge sans connaître et ne semble même pas disposé à me laisser une chance. »

J'avais dit cela d'une voix neutre, posée et calme. Mon intonation n'était ni accusatrice, ni mauvaise. Je me contentais de faire un constat un peu décevant et d'énoncer des faits. Je soupirais légèrement en ajoutant:

« J'aime la musique, et, plus que tout, j'aime chanter, je vois pas en quoi ça fait forcément de moi une personne détestable. »

Je me tournais finalement vers la bassiste à qui j'adressais un sourire.

« Ombline, j'suis ravie d'avoir fait ta connaissance, on aura surement l'occasion de se recroiser au bahut. Et t'en fais pas pour moi, au pire, si j'suis aphone quelques jours, il y a au moins une personne à qui ça fera plaisir ! »

Ironisais-je. Ok, j'admets qu'il y avait un léger brin d'amertume dans cette dernière phrase, mais j'avais toujours eu un fort penchant pour l'humour noir, même à mes dépends. Je conclus finalement par une dernière déclaration qui se voulait amicale à l'intention des deux musiciens.

« J'vous laisse les bières, j'vais avoir besoin de quelque chose de plus fort, façon. Je vous souhaite un joyeux Noël. » Et je le pensais, même à l'intention du rebelle, parce que, même s'il avait été passablement dégueulasse avec moi, c'était Noël, et j'étais une fille sympa. Je m'apprêtais enfin à tourner les talons, mais je me ravisais juste une seconde supplémentaire le temps d'ajouter pour Castiel:

« Ah, j'ai failli oublier. Mon nom, c'est Scarlett. »

Sans un regard en arrière, je m'éloignais dans le couloir et redescendit l'escalier. Je fis un petit crochet vers le salon où les autres étaient toujours installés histoire de leur dire au revoir.

« Au revoir tout le monde, je m'en vais. Je vous souhaite une bonne soirée et un joyeux noël.»

J'aurais pu rester avec eux, c'est vrai, mais je préférais m'en aller. J'étais sérieuse un peu plus tôt en disant qu'il allait me falloir quelque chose de plus fort que des bières et j'entendais bien aller dans un endroit où on servait de la vodka. Quoi de mieux que l'alcool pour vous réchauffer le cœur ? Et p'être même que je trouverais un mec potable pour me réchauffer autrement et me faire oublier à quel point la vie était merdique le temps d'une soirée. Mes camarades lycéens semblaient trop sages et trop innocents, aucun ne me semblait être candidat pour un coup d'un soir.

[HRP: Fini pour moi ]